vendredi 10 février 2012

L'«oxymoron» québécois ou comment se tirer dans le pied

Après une autre longue période entre mes billets, voici mon opinion sur.. DUN DUN DUUUUUNNN

La grève générale illimitée des étudiants


Aouch.

Vous connaissez le terme oxymoron en anglais? Il se traduit par oxymore en français mais je vais le laisser intouché pour aujourd'hui, vous comprendrez pourquoi. Il s'agit d'une figure de style qui réunit deux mots contradictoires, ou si vous préférez, un anti-pléonasme.

Grève étudiante

Je continue de tourner ces mots dans ma tête sans pouvoir aboutir à une conclusion satisfaisante qui me convaincrais que les brandisseurs de pancartes et les membres des différentes associations des CJMOLUJQMUS, MHOPLUS & cie ne sont pas des chevaux de courses idiots aux énormes oreillères. Faire la grève d'un service que nous recevons pour que son prix ne soit pas augmenté. Wha...what? On combat pas le feu par le feu!

J'ai vraiment énormément de misère à considérer que ces personnes qui militent pour le gel des frais de scolarité sont des altruistes qui oeuvrent pour le bien de la communauté. Vraiment beaucoup de misère. Ce que j'entends de leur bouche, ce que je lis sur leurs affiches, ce que je perçois dans leurs articles; je, me, moi. Et quand on me dit que c'est pas vrai, je leur montre leur propre chiffre: le gros 1625$ imprimé en rouge un peu partout, celui qu'on peut apercevoir autant aux nouvelles que devant un urinoir les pantalons baissés. C'est un chiffre sociétal ou individuel ça?

Vous comprendrez que j'ai une extrême propension à généraliser l'identité de ces prétendus défenseurs de la liberté. Mon wild guess est qu'il n'y a pas une association en Médecine, en Administration ou en Droit qui casse les oreilles des étudiants qu'elle représente avec des moyens de pression. Vous vous rappelez, élève de la FLSH, des gangs de dérangeants qui entraient en classe scab durant la grève? Je crois pas avoir entendu une seule fois un élève du campus CHUS qui s'est vu interrompre son travail par des militants désagréables qui clamaient haut et fort que celui-ci était présentement un frein à l'avancement de la cause. Il   devrait se sentir mal comme si il venait de battre des bébés phoques à coups de marteau, ce futur médecin!

 Cette foule, accompagnée par leurs trompettes et leurs tambours,est-elle allé dans les classes de Droit afin d'expliquer quels sont les impacts et les conséquences qu'une telle grève aurait sur leur futur? Nope. Pourquoi? Parce-que c'est beaucoup plus facile de déranger les élèves de sciences humaines, qui sont supposés être beaucoup plus au courant, et qui devraient avoir la responsabilité de suivre les idiots dehors afin de brandir des grosses méchantes pancartes devant les gros méchants politiciens. J'avancerais qu'une classe de futurs légistes s'affairant à plus de 20h de lectures (par semaine) se fout éperdument de ce qui se passe ailleurs. Et pour cause, ils ont payés pour le service qu'ils ont, et ils travaillent académiquement puissamment afin de rentabiliser ce service. Faire de telles actions, soit déranger les classes, à la FLSH est une insulte pure et dure aux programmes même que ces individus défendent. On est en train de nous envoyer comme message que notre éducation n'est pas aussi importante que celle des autres, et c'est pourquoi il est totalement acceptable de l'interrompre pendant ne serait-ce que trois heures. Un peu paradoxal tout ça?


Pour en revenir au sujet même de la grève illimitée, maintenant....Ayoye. Ce qui est drôle, c'est qu'au moment même ou j'écris ces lignes, un de mes amis en administration (anonyme et pissed, selon ses dires) est venu me parler sur messagerie. Il venait me poser des questions, à moi, sur la grève et ce qu'elle impliquait. Je tentais de lui expliquer du mieux que je pouvais ce que j'avais appris de l'autre côté de la médaille des grévistes. Il soulevait un point absolument intéressant que j'avais déjà utilisé lors de nombreuses conversations sur le sujet.

«Si on est en grève, moi la session va finir plus tard. Je vais rentrer à ma job plus tard, donc je vais faire moins d'argent, donc je vais probablement devoir me trouver une autre job pendant l'école».

Mais mon ami, voilà tout ce qu'il y'a avait dire! T'as tout compris!

Personnellement, j'ai l'habitude de travailler entre 20 et 25 heures par semaine durant mes sessions. On me reproche souvent d'avoir une opinion si fervante pour la hausse des frais de scolarité mais de ne jamais me présenter aux assemblées. Vrai, et c'est pas totalement volontaire; durant les assemblées et durant tous mes trous entre mes cours, je travaille. Je bosse afin de pallier cette hausse, parce-que je crois à la hausse et en sont bien-fondé. Tout le temps qu'on perd à descendre dans les rues, à manifester, à utiliser son énergie pour crier haut et fort «que c'est pas juste :( », elle pourrait être utilisée afin de trouver des compromis (i.e. une solution qui serait acceptable pour une majorité d'étudiant, et non pas à 51% des 1000 personnes qui se pointent en assemblée) et à travailler. À se relever les manches et à se dire que ça va être un méchant beau défi de société. À se trouver une job, ou même deux, afin de l'avoir cet argent-là. Pour ceux qui me disent que c'est capitaliste et que je pense juste à l'argent, je leur rappelle que ce débat-là était une question d'argent depuis le début, et le sera jusqu'à la fin.

J'aurais bien aimé voir autant de monde se lever devant la hausse du prix de l'essence. Est-ce que tout le monde a menacé de faire la grève de la voiture? Nope. On a budgeté, on a pris la (sic) bus plus souvent qu'avant, et on a juste davantage bossé pour pouvoir se déplacer. Ce mouvement me fait sérieusement honte d'être un étudiant. Avant de se considérer comme un noyau d'élite devant qui toute la société devrait se pâmer, on devrait se dire qu'on est avant tout des citoyens. On a décidé de s'éduquer et on a la responsabilité de le faire afin d'en faire profiter tout le monde.

Où sont les étudiants que nous voyons aux nouvelles maintenant? Dans la rue. Damn right. Je croyais qu'on essayais d'éviter d'y être.

1625$ Oui c'est beaucoup. C'est même énorme. Mais c'est encore rien. La dette moyenne aux États-Unis? Quasiment 25 000$. C'est quoi de couper quelques caisses de 24 par années, ou de peut-être pas choisir le Macbook Pro qui vaut 1000$ de plus que le PC ''juste parce qu'il est plus cute''? Je crois que face à ce genre Évènement social, il faut se regarder, regarder ses voisins, regarder ses professeurs et se dire «Ben cali**, on vit bien pareil».

Ce que je peux donner aux militants: le gros doute sur l'intégrité de nos politiciens. Ce que je remets en question: la notre.

Encore là, tout est encore question d'opinions polarisées: l'éducation est-elle un droit ou un privilège? Quand on se compare on se console; selon l'étudiant ici, l'éducation est un privilège, et un gros à part de ça. ça vaut son pesant d'or, non?